Le contraste d'un film, quezaco ?
Le contraste d'un film, quezaco ?
On appelle contraste d'un film, l'écart de densité entre les ombres et les hautes lumières.
En faisant abstraction de la question du voile de base, il dépendra donc essentiellement de l'opacité des noirs du film.
L'opacité des noirs, dépendra du niveau d'exposition et du développement.
Hormis certains films techniques à usage particulier, ce n'est donc pas une caractéristique intrinsèque du film, mais bien de son choix de développement.
Ce qui est une caractéristique d'un film, c'est la latitude de pose. Mais c'est différent du contraste.
Quand un film est-il trop ou trop peu contrasté ?
Quand un film est-il trop ou trop peu contrasté ?
On admettra que un film a un contraste moyen, lorsque il traduira l'intention sur le rendu à un tirage à grade 2 ou 3.
Un film qui va imposer un choix de grade >3 sera considéré comme sous-contrasté, ou mou
Un film qui va imposer un choix de grade <2 sera considéré comme sur-contrasté
Si vous scannez vos négatifs, cela reste vrai. Un film adapté pour un tirage a grade moyen est bien adapté au scan.
Le tirage multigrade offre des bonnes possibilités d'adaptation à un négatif mal contrasté.
Mais un négatif adapté est bien plus facile à tirer !
Le résultat en terme de nuance et de richesses des BL/HL entre un tirage à grade 2 d'un négatif bien contrasté est différent d'un tirage a grade 5 d'un négatif mou. Avec bien sûr un net avantage pour le tirage a grade 2.
L'utilisation des grades sous agrandisseur devrait surtout servir à travailler son interprétation, pas, ou peu, à s'adapter à un négatif mal développé.
Le contraste de la scène photographiée.
Le contraste de la scène photographiée.
Chaque scène que vous allez photographier à son contraste propre.
C'est à dire que la luminosité entre les zones d'ombres et les hautes lumières sera très variable.
On exprime cette écart/contraste en nombre de IL, stop ou diaph.
Une unité = un doublement de la luminosité
Quelques ordre de grandeurs :
Sous-bois avec un ciel très voilé : entre 2 et 4 IL
Photo en studio : entre 4 et 6 IL
Photo de rue avec ciel dégagé : entre 6 et 10 IL
Paysage en plein soleil avec un ciel très dégagé : entre 8 et 12 IL
ps : à l'oeil, il n'est pas simple de deviner le contraste d'une scène. L'oeil (et le cerveaux) s'adaptent.
La mesure doit se faire avec une cellule de mesure spot, entre une ombre et une HL.
Avec un peu d'habitude, on arrive à connaitre l'ordre de grandeur du contraste en fonction du sujet et des conditions de prise de vue.
Cette expérience aquise suffit et peut permettre de ne plus avoir à mesurer.
Temps de développement
Temps de développement
Le temps de développement recommandé dans les docs des fabricants de films correspond à la production d'un négatif au contraste moyen, sur une scène photographiée ayant un contraste d'environ 8 IL.
C'est un bon choix moyen, mais qui sera inadapté dans le cas de scène dont le contraste s'écarte fortement de cette valeur de 8 IL.
Dans le cas d'uns scène dont le contraste est plus faible que 8 IL, il faudra augmenter la durée de développement
Dans le cas d'uns scène dont le contraste est plus grande que 8 IL, il faudra réduire la durée de développement
Indice de contraste
Indice de contraste
Une manière simple de voir les choses, consiste à considérer :
- le contraste d'entrée (scène)
- le contraste de sortie (négatif)
Le passage de l'un à l'autre, se faisant par l'indice de contraste (CI).
Contraste sortie = contraste entrée * indice de contraste
Pour un tirage grade 2, il faut environ un contraste de sortie de 5 IL
Les temps de dev préconisés par les fabricants correspondent à un CI d'environ 0.65. Donc adapté à une scène d'environ 7.7 IL (5 / 0.65)
On trouve parfois dans la doc des films, des graphiques qui vous permettent de déterminer le temps de dev approprié pour un CI cible.
En pratique, je fais comment ?
En pratique, je fais comment ?
En pratique, c'est très simple. On oublie les mesures laborieuses et courbes sur graphique.
On peut simplifier l'exercice à sa plus simple expression.
Je sais par exemple que en studio, mon contraste ne dépasse jamais les 5-6 IL.
Je cherche donc un CI cible d'environ 0.85. Ce qui correspond environ +75% du temps de développement (et oui !)
Si vous photographiez par ciel gris très voilé, votre contraste peut ne pas dépasser les 4 IL. Vous pouvez très largement doubler votre durée de développement, voir même tripler !
A contrario, si vous photographiez des scènes très contrastées, ne pas hésiter a réduire votre durée de développement.
Il faut vraiment se détendre, et ne pas s'attacher aux durées de développement préconisées de manière trop stricte.
Le processus négatif argentique N&B doit se personnaliser à votre besoin.
Ne surtout pas psychoter non plus. Vous avez une bonne marge de tolérance. Il n'est pas question ici de pratiquer le Zone System et de caler son exposition/développement au 1/3 IL près !
Une approche avec 3 cas de figures : contraste faible, contraste moyen et contraste fort, est bien suffisante.
Pour l'exposition, je fais comment ?
Pour l'exposition, je fais comment ?
On pourrait longuement discuter des stratégies d'exposition.
Je vais me contenter d'un conseil simple à mettre en pratique. Exposer pour les ombres.
Faire une mesure spot sur une zone d'ombre que vous souhaitez restituer avec une bonne richesses en détails.
Exposer votre film à - 2 IL de cette mesure.
Par exemple : si vous avez mesuré f/5.6 à 1/50 sec, exposer à f/5.6 1/200 sec
Vous pouvez réaliser cette mesure au spotmetre, ou même avec la cellule de votre boîtier.
En mode semi-auto, vous pouvez même utiliser la compensation d'exposition, en la mettant sur -2 IL et en visant une ombre.
La cerise sur le gâteau
La cerise sur le gâteau
Si vous savez d'emblée que vous allez réaliser un développement prolongé, vous pouvez revoir la sensibilité de votre film à la hausse.
Cette correction permettra ne pas produire des négatifs inutilement denses.
En studio par exemple, je considère mes films 400 iso, comme des 640 iso.
Le développement prolongé compensera cette augmentation de sensibilité.
Ce n'est pas une obligation, un film dense entrainera surtout un temps de tirage sous agrandisseur innutilement long.
Si vous scannez vos film, une densité trop importante sera aussi pénalisante.
La qualité des films
La qualité des films
Certains films peu riches en argent, ne se prêtent pas bien à une augmentation / diminution importante du temps de développement.
C'est le cas par exemple des films Foma et GP3 qui montrent très vite des limites, avec un fort tassement des HL. N'allez pas au delàs d'une augmentation de la durée de dev de +75% avec ces films.
Avec des films comme la HP5+, Tri-X 400, FP4+, PanF, vous pouvez faire jusque du +250% sans aucun soucis.
Remarque 1 :
Arrêtez de partir à la recherche de films ou de révélateurs différents si vous trouver que vos négatifs manquent de contraste. Adaptez votre développement.
Remarque 2 :
Arrêtez de donner un avis sur un couple film/révélateur concernant la question du contraste sans évoquer la question du contraste de la scène photographiée !
Remarque 3 :
Je me suis autorisés quelques simplifications du propos pour tenter de rester compréhensible par un maximum. Certaines choses pourraient être nuancées.
Mais ca ne change pas l'idée maîtresse du propos.
Remarque 4 :
J'insiste encore une fois. Je ne suis pas en train de vous dire de mesurer au 1/2 IL près et de faire des développement à 30 sec de précision. Ni de vous inviter à pratiquer le Zone System.
Mais simplement vous faire comprendre que vous pouvez (devez) prendre de la liberté avec les temps de développement, et ne pas hésiter à l'adapter à votre besoin.