Vous souhaitez constituer votre propre studio photo, vous ne savez pas quel matériel choisir. Je vais tentez de vous aider à y voir plus clair.
1. Qu'est ce que un studio ?
Un studio c'est un local. Évident me direz-vous, mais étonnamment ce point semble souvent l'objet de peu de préoccupation. Il ne sera pas possible de tout faire partout. Ce local, et surtout ses dimensions seront à prendre en compte. Photographier une balle de tennis façon packshot ou l'équipe de football de votre club favori ne nécessitera ni la même place, ni le même matériel. Ce qui introduit donc, le point 2.
2. Avez-vous une idée précise du type de photographie que vous souhaitez faire ?
Si la réponse est non, peut-être est-il sage de vous poser, de mettre temporairement vos envies d'achats de matériel de côté pour y revenir un peu plus tard. Documentez-vous, allez voir des expositions ou des musées . . . bref, identifiez plus précisément ce que vous avez envie de faire. Un studio, n'est pas une fin en soi . . . juste un outil parmi d'autre.
Si la réponse est oui, et que vous me dites : packshot de petits objets ou shooting de groupe des 15 salariés de mon entreprise . . . ce qui suit ne vous concerne pas.
Les conseils qui vont suivre, concernent le cas que je rencontre le plus souvent, mais aussi celui qui correspond à ma pratique. Un studio pour photographier 1 ou 2 personnes à la fois.
Cet article s'adresse essentiellement aux amateurs désireux de s'équiper pour un coût raisonnable, en faisant les bons choix, non pas pour dépenser le minimum, mais pour acheter intelligemment en évitant les achats inutiles.
Je ne parle pas de configurations type « «bricolage », mais bien de ce qui est peut-être être considéré comme un « vrai » studio. Aussi modeste soit-il.
3. La taille du studio :
Profondeur : minimum 5m. Pour éviter la déformation de votre sujet par perspective (effet gros nez, petites oreilles) il faudra pouvoir vous placer à environ 3m de votre sujet. Si vous voulez pouvoir flouter un peu l'arrière plan, il faudra pouvoir mettre votre sujet en peu en avant de celui-ci. Donc 5 m c'est le minimum.
Contrairement à une idée reçue, il ne faut pas plus ou moins de place pour faire une photo en pied ou un portrait serré. La règle des 3m reste la même.
Pour un vrai confort, je recommande 10m.
Largeur : si vous souhaitez pouvoir utiliser des fonds papiers. Il faudra au minimum 3m50. Les fonds papier sont vendus avec une largeur de 2m75. Mais l’encombrement en largeur sera un peu plus important que la largeur du rouleau. Avec si peu de largeur, ne pas perdre de vue que les trépieds empiéteront sur la zone de shooting au sol. Une solution intéressante est d'utiliser des bras à fixer au mur ou un système de rails au plafond.
Hauteur : jamais trop haut. Idéalement 3m50 ou +. Beaucoup de setup lumière nécessite un placement de la source nettement au dessus du sujet. Une hauteur trop faible sera un vrai facteur limitant, même si il reste possible de composer avec moins de 3m50.
4. Flash ou lumière continue :
Sans aucune hésitation, je dis flash.
Contrairement à une idée reçue, s'équiper en lumière continue pour du studio est beaucoup plus onéreux et les contraintes sont bien plus importantes.
L'utilisation de spots de chantier (comme cela est souvent proposé) est une bien mauvaise idée. Puissance très faible (quand bien même ils feraient 2000W), impossibilité de monter dessus un modeleur. Sauf à bricoler un truc maison et risquer de mettre le feu à votre studio ! Bref . . . cette solution est à écarter d'entrée de jeu.
Avantages des flash : coût, puissance (équivalent à une lumière continue de plusieurs dizaines de kw !!!), possibilité d'adapter des modeleurs, échauffement limité, consommation.
5. Quel flash ?
La réponse est aussi simple que évidente : des flash de studio. Je bannis donc de cette liste, les flash cobra.
Un flash cobra, n'est pas conçu pour du studio (c'est de la lumière d’appoint, plutôt dédié au reportage). La puissance est limitée et la répartition de la lumière inadaptée et le contrôle de la puissance peu précis.
6. Quel flash de studio ?
La puissance : inutile de casser la tirelire pour le dernier flash 4800J. Un flash qui monte jusque 400J est suffisant dans la plupart des situations, même pour une photo en pied dans une grande softbox.
Il est un critère bien plus important que la puissance maximum, c'est la puissance minimum !
Vouloir travailler avec une grande ouverture (moins de f/4.0) nécessite souvent des puissance très faible. Si votre flash ne descend pas assez bas, cela va vous imposer de fermer le diaph, ce qui n'est pas souhaitable puisque cela va changer également le rendu (profondeur de champ plus grande).
J'utilise fréquemment mes flash à une puissance de l'ordre de 7 à 30J (surtout pour du portrait). Certains flash d'entrée de gamme ne descendent pas plus bas que 45J !
Compact ou sur générateur: sur ce point, je dirais que le choix n'est pas décisif. Les modèles a générateur sont globalement plus robustes sur la durée, le recyclage est plus rapide, les réglages se font "au sol". Mais ils sont aussi plus cher. On peut souvent y raccorder 2 flash (parfois d'avantage). Les flash dits « «compacts » ne déméritent pas pour autant.
Pour y voir un peu plus clair, je vous invite à lire cet article écrit par Olivier Chauvignat
7. Les déclencheurs :
Oubliez le cordon synchro. Un long câble qui court entre votre appareil et le flash c'est dangereux pour vos flash et pour votre appareil. Il arrivera forcement un jour où vous allez vous prendre les pieds dedans.
Il existe des déclencheurs radio. La réception radio sera parfois intégrée à votre flash parfois pas. Informez vous avant votre achat. Certains déclencheur radio permettent aussi le contrôle à distance de la puissance de vos flash, c'est à mon avis indispensable (surtout avec des flash compact, perchés sur un trépied).
Astuce : vous avez oublié le déclencheur, il est en panne ou plus classiquement, la batterie est hs. Vous avez la possibilité de déclencher vos flash grâce à une cellule de détection des éclairs intégrée à la plupart des flash. Il faudra utiliser le flash popup de votre appareil à puissance minimum (pour ne pas trop gêner la mise en lumière).
8. Les kits 2 ou 3 flash+parapluies à prix cassé :
Là je dis, non, non, non et re non.
Qualité de construction déplorable, aucune finesse dans le réglage de la puissance, pas ou peu de modeleurs hormis celui fourni avec le kit. Passez votre chemin, ne succombez pas à l'emballage pseudo professionnel et vous ferez une bonne économie. Ces kits ne sont rien d'autre que des attrapes nigaud (je vous aurais prévenu . . . )
9. Combien de flash ?
1 seul flash permet déjà de faire énormément de choses. Si votre budget est limité, n'hésitez pas. Préférez 1 seul flash de qualité plutôt que 2 de qualité moindre.
Avec 2 flash, vous êtes le « roi du pétrole ».
Avec plus que 2 flash , vous êtes Dieu, mais attention, la mise en place d'un setup à 3 sources ou + n'est pas chose aisée. Et le rendu obtenu ne justifie pas forcement la complexité de mise en œuvre. Vous vous exposez aussi au risque de faire pire que mieux . . . (problème d’équilibre, ombres concurrentes, perde de modelé . . .)
10. Les modeleurs :
Si vous avez opté pour des flash d'une marque reconnue et bien distribuée (Multiblitz, Elinchrom, Profoto . . .), vous aurez un très large choix de modeleurs. L'exercice consiste donc à faire un choix judicieux, qui vous donne un maximum de polyvalence pour un investissement minimum.
Ma suggestion :
- 1 grande boite à lumière d'environ 1m. Carrée, rectangulaire ou octo. Peu importe.
- 1 petite boite à lumière d'environ 50cm ou une strip.
- un grand bol (pourquoi pas un bol beauté)
- un petit bol avec grille nid d'abeille.
11. Le flashmètre :
La flashmètre n'est PAS optionnel. C'est un outil (je n'ai pas dis accessoire !) indispensable.
Il servira à mesurer la quantité de lumière produite par vos flash. Sans cette mesure vous ne pourrez pas exposer de manière juste autrement qu'au pif-o-metre.
Il servira également à effectuer des mesures de contrastes. Le contraste d'un setup de lumière est l'élément clé de votre mise en lumière. C'est par sa mesure que vous allez pouvoir effectuer le positionnement précis de vos sources (hauteur, distance au sujet, inclinaison . . .).
12. Trépied lumière :
Du lourd, qui monte assez haut. Idéalement avec girafe. Si votre studio le permet, les bras à fixer au mur sont une excellente solution. Pensez à bien lester vos trépieds et a mettre des contre-poids sur vos girafes. C'est une question de sécurité (et pas seulement pour le matériel !).
13. Le fond :
Tout est possible. Un simple mur peint, en brique, crépis . . . bref, du moment que c'est esthétique (je laisse ce point à votre appréciation).
Les fond en papier sont pratiques. Large choix de coloris. Largeur standard de 2m75 et longeur de 11m.
Les fond en tissus sont aussi une solution, mais attention aux plis ! La moindre lumière un peu rasante va les rendre très visibles. Ça peux devenir très pénible !
Pour tenir les fonds en papier il existe des autopoles. Ça permet le support de 1 à 3 fonds papiers, sans perçage des murs. Et c'est facile à déplacer.
Remarque : le stockage long terme des papiers doit se faire à la verticale, enroulé sur le mandrin en carton. Si vous les laissez à demeure en position horizontale, ils vont se gondoler.
Attention au bricolage. Un fond papier c'est lourd et placé en hauteur.
Astuce : un fond papier gris moyen peux permettre de faire du fond très clair ou très foncé. En l'éclairant avec un flash dédié ou en éloignant le sujet du fond. On peux même le teinter en éclairant avec un flash + gélatine de couleur.
Si vous optez pour 1 seul fond, c'est le gris moyen que je vous conseille.
14. Quelle marque choisir ?
Cela dépend évidement de votre budget, de votre exigence et de la sollicitation de votre matériel.
Budget :
Je vous déconseille fortement de vous orienter d'emblée vers la solution la plus économique.
Il convient de raisonner en terme d'investissement et non de dépense ponctuelle.
Le plus cher n'est pas non plus le mieux. Il convient évidement de trouver un bon équilibre et compromis en fonction de votre besoin.
Je me répète, mais si le budget est limité, il est préférable d'acheter 1 seule unité flash de qualité et 1 ou 2 modeleurs, plutôt que 3 unités d'entrée de gamme avec des modeleurs de mauvaise qualité !
Exigence :
Attention, l'exigence que l'on a au moment d'acheter son premier matériel, ne sera pas celle que vous aurez après quelques mois ou années de pratique.
Si vous vous retrouviez dans la situation de devoir envisager de changer de marque, l'économie réalisée au moment du premier achat n'en serait plus une.
Comme pour les objectifs, un choix de modeleur (et donc, indirectement d'une marque) se fait avant tout avec ses yeux ! Pas uniquement sur une brochure pub qui liste des cactéristiques techniques. Surtout concernant les modeleurs de type "bol".
A ce sujet, je détaille mon expérience avec Elinchrom un peu plus bas dans l'article.
Sollicitation du matériel :
Si votre unité flash ne sera sollicité que quelques jours par mois, pour des séances de prises de vues courtes, il n'est peut-être pas indispensable d'investir dans du matériel haut de gamme comme Profoto, Broncolor ou Balcar.
Dans le cas contraire, vous si vous avez un usage très intensif et commercial, point de salut en dehors de ces marques.
Vous avez dit pro ?
J'entends par matériel PRO, du matériel que l'on retrouve dans les studios professionnels (soumis à un usage très intensif) et chez les loueurs de matériel photo.
Aucun rapport avec les marques auto proclamées PRO dans leurs publicités.
Marché de l'occasion :
Il est possible, lorsque le budget est serré ou tout simplement parce que vous y voyez un bon moyen d'avoir un rapport qualité/prix favorable, de vous orienter vers l'achat de matériel haut de gamme d'occasion.
On trouve, par exemple, une offre assez riche en matériel Profoto d'occasion.
Des unités Profoto Pro B1 ou Pro B2 ou même pro B3 se trouvent assez facilement. Il s'agit de matériel robuste et fiable, même lorsqu'ils ont quelques années de service (attention quand même avec l'amplitude de réglage de puissance sur des unités ancienne).
Les marques, les gammes :
La frontière entre les gammes, n'est pas parfaitement étanche et dépend aussi des diffétents modèles proposées au seins d'une même marque.
Haut de gamme, orienté pro et usage très intensif : Profoto, Broncolor, Balcar
Milieu de gamme, utilisable en activité pro avec une sollicitation modérée : Hensel, Multiblitz, Bowens
Entrée de gamme : Elinchrom, Godox, Phottix, Yongnuo . . .
Le cas particulier de Elinchrom + expérience :
Elinchrom semble faire la quasi unanimité lorsqu'il s'agit de réaliser un premier investissement pour du matériel de studio.
La marque est particulièrement bien diffusée, ici, en France, et le marché de l'occasion est très riche.
On voit même certains studios photos proposés à la location, pré-équipé avec du matériel Elinchrom.
Aussi, avez-vous peut-être été étonné de me voir placer cette marque dans la gamme "Entrée de gamme".
Je possède 2 unités flash ELC de 1000J et un Quadra Ranger 400J.
J'ai acheté ce matériel en étant amateur débutant. Depuis, je me suis professionnalisé, j'ai un usage régulier, mais pas intensif de mes flash. Ma pratique argentique n'est pas compatible avec une très forte sollicitation des flash. Aussi, je n'ai pas de reproches à faire à ces unités flash du point de vue de la fiabilité et des fonctionnalités.
MAIS : le problème majeur que je rencontre est la très mauvaise qualité de leurs bols. Problèmes d'ombres multiples, plus ou moins marquées selon les bols. Si cela ne posera pas de problème à un amateur peu exigent, c'est beaucoup plus problématique dans un usage professionnel ! Surtout que j'aime beaucoup le travail sur les ombres franches et bien dessinées.
Avec les softbox, pas de soucis particuliers. Le montage est facile et rapide et le rendu est bon. Certains leur reprochent toutefois une certaine fragilité.
Il est vrai que l'utilisation des bols est moins répendue que celle des softbox auprès des débutants. Sans doute parce que la lumière dirigée et dure est plus délicate à mettre en oeuvre que la lumière douce et enveloppante des softbox. Mais il viendra inévitablement un moment où vous allez progresser dans votre pratique et où vous allez aussi avoir envie, ou besoin, de travailler avec des bols en éclairage principal. C'est a ce moment que vous allez rencontrer des difficultés avec la gamme Elinchrom, surtout dans l'exploitation de belles ombres dures.
La qualité des modeleurs de type bols est un critère très important. La conception d'un bol est techniquement beaucoup plus exigeante que celle d'une boite à lumière. Sur ce point précis, Profoto, avec son système de position du bol ajustable qui permet de contrôler l'angle et la focalisation, marque un très bon point !