Impossible de traiter le sujet de manière exhaustive en quelques lignes.
Le but de cet article est uniquement de donner une vision globale du procédé.
Les étapes :
- (optionnel) Prémouillage à l'eau. Il permet d'éliminer le voile anti-halo et d'hydrater la gélatine.
- Révélation. Transformation des sels d'argent exposés à la lumière en argent métallique colloïdal (noir).
- Bain d'arrêt. Stop la réaction de noircissement et neutralise la chimie du révélateur pour protéger le bain de fixation.
- Fixation. Élimine les sels d'argent qui n'ont pas été exposés à la lumière et qui n'ont pas subi de réduction en argent métallique.
- Lavage. Élimine la chimie imprégnée dans la gélatine.
- (optionnel) Bain d'agent mouillant et antifongique. Facilite l'écoulement de l'eau lors du séchage et protège le film de l'apparition de moisissures sur la gélatine (qui est organique)
- Séchage.
Parmi toutes ces étapes, celle qui influencent le plus considérablement le résultat final est l'étape de révélation. Toutes les autres, ont une influence négligeable sur le rendu.
Les éléments que l'on peut influencer sont :
- La densité globale du négatif
- Le contraste du négatif
- Le micro-contraste (acutance)
- La taille du grain
- La forme du grain
- Préservation des détails dans les hautes ou basses lumières
Les leviers de contrôles sur le rendu sont :
1. La durée de développement.
Plus la durée sera importante, plus les noirs vont gagner en densité.
Un film avec des noirs plus denses devra être tiré avec un grade plus doux.
(attention : le terme contraste est souvent utilisé à tord pour qualifier un négatif dense ! C'est une erreur, le contraste à avoir avec la distribution des tonalités. Il y a une confusion de language qui vient sans doute du fait que l'on parle en sensitométrie d'indice de contraste -CI- pour parler de la courbe de noircissement )
2. La température
Plus la température va être élevée, plus la révélation sera rapide. La température recommandée est entre 18°C et 24°C.
Il n'y a pas de différence importante sur le rendu entre un film développé à 18°C et un autre développé à 24°C, si les durées sont ajustées en conséquence.
Sans ajustement de la durée, une différence de seulement 1°C à déjà une influence visible sur la densité et le contraste. Il faut donc être précis sur ce point.
3. L'agitation
Le protocole d'agitation a une importance cruciale. L'agitation permet le renouvellement de la chimie à la surface du film. En l'absence d'agitation la chimie s'épuise localement, plus rapidement sur les zones qui doivent noircir fortement et plus faiblement sur les zones claires. Une agitation faible, produira donc un négatif plus doux, avec de la retenue dans les hautes lumières.
Une agitation faible, produira également un effet de bord, en créant un fort micro-contraste sur les pourtours des zones contrastées.
Une agitation continue, produira des films plus contrastés et avec un peu moins d’acutance.
Le protocole "standard" correspond à une agitation intermittente, et donne un négatif au contraste moyen.
Par exemple 3 retournements en 5 secondes, toutes les minutes.
4. Le choix de la chimie de révélation
Il existe des centaines de formulations. Impossible d'être exhaustif sur ce sujet.
On peut quand même retenir qu'il existe 3 grandes familles de développeurs (en caricaturant un peu).
Les révélateurs avec effet compensateur, ceux sans effet compensateur et les révélateur colorants.
L'effet compensateur, consiste à dissoudre chimiquement l'argent métallique en même temps qu'on le fait apparaître par réduction.
Il se dissout moins vite qu'il ne se forme. Cet effet permet d'obtenir un grain plus régulier et plus petit à densité équivalente.
5. La dilution du révélateur.
Plus il sera dilué, plus la durée de révélation sera longue. Une dilution importante donne un grain plus gros à densité équivalente.
L’acutance sera également meilleure avec des dilutions élevée (pas forcément un avantage !).
Quelques remarques en vrac :
- on considère comme moyen, un négatif qui donne une image de contraste moyen lorsqu'il est tiré à grade 2 (ou 3) sur papier argentique chloro-bromure.
- le contraste est moyen lorsque l'on obtient les premiers vrais noirs en même temps que les premiers blancs (juste avant qu'ils ne deviennent gris clair).
- Le critère de contraste moyen dépendra énormément du procédé de tirage. Par exemple pour un tirage platino-paladium il faudra un négatif TRÈS contrasté d'un point de vue tirage géllatino-bromure (tirage a grade 00) pour obtenir une image de contraste moyen.
- Les durées de révélation préconisées par le constructeur sont un ordre de grandeur. Il ne faut pas hésiter à les modifier pour les adapter à son propre protocole.
- On ne tire de conclusion sur le contraste et la densité QUE lorsque l'on fait un tirage du négatif. Même avec beaucoup d'expérience, juger du contraste d'un négatif à l’œil est un exercice délicat.
- Un négatif trop dense sera toujours plus facile à exploiter en tirage par agrandissement que le contraire.
- Si vous scannez vos négatifs, il faudra être rigoureux et éviter absolument les négatifs très denses ou sur-contrastés. Les scanners ont du mal à extraire l’information dans les hautes lumières. Même si cela semble contre-intuitif, on a nettement plus de marge de rattrapage sur un tirage sous agrandisseur que par un scan+traitement numérique.